Petite pensée

Pourquoi le rose est un signe de mon évolution personnelle ?

Petite réflexion autour de ma perception du rose, comment cette couleur a affectée celle que j’étais et comment son image est en train de changer celle que je suis…

Les filles naissent dans les roses, les garçons dans les choux… Du rose pour les filles, du bleu pour les garçons… Ce sont des phrases que l’on a toujours entendu et que l’on continue d’entendre aujourd’hui. Cependant, le rose semble avoir une affinité particulière avec les filles sans vraiment que je ne sache pourquoi. Au point de devenir un stéréotype de genre très ancré dans notre société. En tant que fille, vous vous dites sûrement que j’ai baigné dans le rose depuis ma naissance. Mes vêtements, mes jouets, ma décoration devaient forcément être de cette couleur que les commerciaux aiment associer à la femme. EH BAH C’EST PAS MON CAS ! Enfin, disons que c’est plus compliqué…

Quand j’étais plus jeune, je vouais une haine sans faille au rose. En soi, ce n’est pas tant la couleur que je détestais, mais tout ce qui y était associé. J’ai grandi dans les années 90-2000 et à cette époque, les stéréotypes de genre étaient encore très marqués. Il suffit que je vous montre de vieux catalogues de jouets de cette époque pour bien voir que la séparation entre filles et garçons est significative. Tout cela s’inscrivant dans une tendance marketing apparue dans les années 80 : bien marquer chez les enfants les différences d’âge et de sexe. Ce qui est très bizarre quand on y pense car au Moyen-Age, le rouge clair était considéré comme une couleur masculine, symbolisant la force et la virilité. Dans le même temps, le bleu c’était une couleur féminine car représentant la pureté de la Vierge Marie. Et dès la Renaissance, plusieurs tableaux représentent des hommes portant du rose.

Face à cette différenciation qui prenait de l’ampleur, vous vous doutez bien que je n’y ai pas échappé. Toute ma famille voulait m’offrir des choses roses (jouets comme vêtements). Ils voulaient que je sois une vraie fille, vu que j’étais la première de ma génération. Sauf que le rose, je détestais ça. D’accord j’étais une fille, je l’accepte, mais j’aimais les jouets de garçon et les couleurs qui sont considérées comme « unisexes » : le rouge, le bleu, l’orange… Alors si quelque chose était rattaché à du rose, je le fuyais comme la peste, SURTOUT les poupons et les Barbies. Mais ça c’est un gros morceau donc je parlerais peut-être une autre fois. Pour résumer dans les grandes lignes, je les trouvais sans intérêt, effrayants avec leurs sourires figés et pas vraiment propices au développement de la créativité vu que leur but premier, c’était d’être coiffés et habillés. Je ne voulais pas être une Barbie qui se coiffe et se maquille. Donc je me disais « Jamais je ne porterais de rose Barbie. »

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Le seul objet rose qui était toléré, c’était mon doudou. Et le pauvre, avec le temps, les lavages à répétition et les dents que je me suis fait dessus, il n’était plus rose mais complètement décoloré. Dit comme ça, c’est vrai que c’est un peu réducteur. D’autant qu’en réalité, il existe des centaines de nuances de rose, pas uniquement ce rose ultra saturé limite néon qui a fait les belles heures des 90’s. Mais dans mon esprit, le rose était assimilé à des traits de caractère que les filles sont censées avoir si on se fie aux clichés : la douceur, la fragilité, la coquetterie… En ce sens, les marketeux ont réussi leur travail, à mon grand désespoir actuel -_-‘ En plus, j’ai grandi en n’ayant que des garçons comme modèles (je n’avais que des cousins et à l’école, les jeux des garçons me plaisaient plus). Tout ce que je voulais alors, c’était les imiter pour par la suite être intégrée à leur univers. Je voulais simplement être leur égal sans être rattachée à ces éléments girly qu’ils fuient comme la peste autant que moi ! Et cela a duré pendant un long moment… jusqu’à très récemment même.

Avec la fin de mon adolescence, ma vision du rose a progressivement évolué. De couleur associée au monde des petites filles et à des stéréotypes un peu passés, il est devenu une couleur comme les autres parmi mes palettes d’aquarelle ou de peinture à l’huile. L’évolution des mœurs a aussi joué dans la balance. Au fil du temps, on a vu des marques masculines comme Celio ou Uniqlo proposer de plus en plus de vêtements roses. On a vu les joueurs du Stade Français jouer en portant un maillot rose en 2005 devenu mythique aujourd’hui. Progressivement, le rose a perdu son statut de couleur genrée. S’il peut toujours être rattaché à des causes fortes comme Octobre rose, il n’est plus automatiquement associé à l’enfance des petites filles entre 2 et 10 ans. Plusieurs éléments ont ainsi fait qu’aujourd’hui, le rose est associé à une toute autre idée que celle de mon enfance.

Tout d’abord, il est lié à cette envie de s’exprimer par son apparence, d’être ce que l’on veut. Ça en puisant notamment une forme d’inspiration dans la Pop Culture. De plus en plus de personnes se teignent les cheveux en rose (ou en d’autres couleurs, ça rend tout aussi bien) car ils sont inspirés par des personnages marquants de dessin animés, de mangas ou des célébrités. Ensuite, le rose s’est progressivement infiltré dans ma garde-robe. C’est peut être à cause de l’âge, d’une décoloration de mes cheveux ou des suggestions de mes proches mais des pièces roses sont apparues dans mon dressing. Ça a commencé avec d’abordables pins de créateurs, puis ça a continué avec des sous-vêtements, un pull ou même un kigurumi.

Mais le plus important des éléments déclencheurs, et là je pense que vous allez rire (ou hausser les sourcils), c’est Pinkie Pie, l’un des personnages de My Little Pony : Friendship is Magic.

ATTENDS là ! Plus haut t’as dit que tu n’aimais le rose pétard car c’est lié au girly, aux jouets sexualisés, tout ça ! Et là tu nous sors un petit poney rose de partout appartenant à une gamme de jouets clairement destinée aux petites filles depuis ses débuts ! Ce serait pas du foutage de gueule ??

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Pas vraiment car c’est bien le personnage dont je parle et non les jouets (même si je les aime beaucoup). Et à sa manière, Pinkie est le chef de file d’un point que je préciserais plus tard… Mais reprenons ! Dans la série, Pinkie est une ponette terrestre à la crinière d’un rose intense. Travaillant dans la pâtisserie de Ponyville, elle est surtout l’une des amies de l’héroïne et l’incarnation de l’Élément du Rire. Pinkie est une boule d’énergie sur pattes qu’on a du mal à arrêter. Sa bonne humeur communicative et son sens de la fête en font un personnage appréciée de tous, et ce aussi bien chez les filles que chez les garçons.

Vous n’êtes pas sans savoir que cette saison de My Little Pony a été un vrai phénomène qui a fédéré des fans de tous âges, hommes comme femmes, filles comme garçons. Et c’est sur ce détail que je vais m’attarder. Le public ne s’est pas arrêté au rose du personnage en disant que c’est un cliché. Que cela n’était fait que pour vendre du plastique rose à des petites filles. Dans son écriture, l’équipe de My Little Pony a donné à Pinkie des traits de caractère loin des clichés des œuvres de notre enfance. Fini les personnages roses et niais, souvent maladroits ou simplement destinés à être « jolis ». Ils n’ont d’ailleurs pas hésité à lui donner un passé « sombre » car elle est la seule membre joyeuse de sa famille. Longtemps elle a vécu en ayant une vision du monde monotone et rythmée uniquement par les travaux de la ferme. Malgré tout, Pinkie s’est relevé et le rose de son corps reflète alors son sourire à toute épreuve face à l’adversité. Elle ne se laisse pas abattre ni par la peur, ni par la jalousie. Tout ce qui compte, c’est d’aider ses ami(e)s, de répandre la joie et de manger des gâteaux.

Pinkie Pie mais aussi Zero Two (Darling in the Franxx), Rose Quartz (Steven Universe), Majin Boo (Dragon Ball Z), Maliki, Perona (One Piece) ou Mew (Pokémon) sont autant de personnages que j’apprécie depuis la première fois que je les ai vus. Pourtant, tous sont roses. Mais ils témoignent d’une chose : dans les représentations, le rose n’est plus associé aux petites filles et n’a pas à l’être. Il peut encore être lié à des personnages mignons ou assez féminins. Cependant, même si le monde n’est pas tendre avec eux (torture, perte d’un proche, rejet), ils peuvent être très puissants. Et tous ont un caractère jovial, ils aiment profiter des plaisirs simples de la vie : les amis, le sucre, l’amour, le chocolat… Comme n’importe quel personnage. Cela leur permet donc de plaire aussi bien aux filles qu’aux garçons et pour certains de devenir des modèles. Aujourd’hui, ils sont présents dans tous les domaines : les comics (Gwenpool, les New Warriors, Blink), les jeux vidéos (Kirby, Taric, Lightning), les animes (Milim, Natsu, Sakura…) et bien d’autres.

En cela, tous ces personnages m’ont appris sans m’en rendre compte à voir ce qui se cache derrière la couche de rose. Le rose est une couleur comme les autres. Et comme avec les vêtements ou les accessoires, les couleurs peuvent simplement refléter ta personnalité ou ton humeur du jour. Avec le temps, le rose m’apparaît comme une couleur pétillante, empreinte de joie de vivre et liée à une certaine forme de liberté. Sans m’en rendre compte, je nourrissais également les stéréotypes de genre pendant mon enfance en clamant que le rose était une couleur de fille. Mais c’est simplement parce que je détestais les Barbies et que je ne voulais pas être comme elle. Ne pas porter de rose a peut être joué sur ma vision du monde étant enfant, mais cela ne m’a pas empêché de grandir, de m’épanouir en tant que fille et de voir le rose comme une couleur parmi tant d’autres. Et aujourd’hui, j’aime le rose tout en aimant les jeux de baston, les épées, les dragons et le métal.

Alors c’est vrai, le rose ne s’invite que doucement dans ma garde-robe et dans mes collections diverses. Mais il est en train de prendre de plus en plus d’importance dans ma vie au point que dès que j’en aurai l’occasion, je me teindrais les cheveux dans un rose pastel. Même League of Legends doit le sentir car dans mes derniers œufs de petites légendes, des créatures roses ont éclos !

Avant de mettre fin à cette parenthèse rosée, une dernière réflexion me traverse l’esprit. Le marketing genré ne se limite pas aux rayons des magasins de jouets. Il est aussi présent dans les supermarchés et il a même un nom : la taxe rose. Parce que la couleur est différente, parce qu’il est pensé « pour les femmes », un produit peut être vendu plus cher. Alors que non, les femmes n’ont pas besoin de rasoirs roses pour bien se débarrasser de leurs poils. Ca coute plus cher et ca ne change rien vu qu’au final, ils ne sont pas exposés fièrement dans les salles de bain et finissent comme ceux des hommes : à la poubelle. Non, les femmes n’ont pas besoin d’un bic rose pour mieux écrire. Elles veulent juste des stylos normaux que de toute façon, on n’a jamais sur soi pour remplir un chèque. NON, les femmes n’ont pas besoin d’avoir leurs bouteilles de rosé avec de jolis dessins et des appellations girly. ON VEUT JUSTE BOIRE CE QU’IL Y A DEDANS ET QUE CE SOIT BON ! Et pourquoi les hommes n’ont pas des produits aux teintes pastel ? Je termine avec la réflexion de la jeune Riley. Elle résume bien ce que la société devrait proposer pour que chacun puisse s’épanouir comme il l’entend, loin des clichés colorés que l’on croise encore…

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